La Bible à 1,50 €
Une maison d'édition suisse publie une «Bible discount». Un gros succès.
Quasiment un miracle. Toute blanche, discrète et imprimée sur papier récyclé, la Bible a fait son apparition dans les rayons des supermarchés (Auchan, Cora, Leclerc) et les librairies à un tarif défiant toute concurrence : 1,50 €... Quasiment le prix d'un pain aux céréales. D'entrée, l'ouvrage, publié par une maison d'édition suisse, a connu un succès record. La Bible à prix discount s'arrache comme des petits pains. Et la multiplication des rééditions ne suffit pas. Les fidèles se ruent sur la Bible Segond 21, « l'original avec les mots d'aujourd'hui ». Jean-Pierre Bezin, le directeur de la Société protestante évangélique, croise les doigts. Il explique : « Nous en avons édité 550.000 à la mi-septembre. Nous en avons mis 350.000 sur le marché. Un mois et demi après, nous étions déjà en rupture. Là, nous avons placé les derniers 200.000. lis ne tiendront pas jusqu'à janvier.. avons prévu de nous adapter ».
Cette nouvelle traduction a été effectuée par des professeurs de grec et d'hébreu qui ont planché pendant près de doue ans. « Pensée avec des protestants et des catholiques », elle pose une question : commercialiser un ouvrage de 822 pages à 1,50 € (2,50 francs suisses) est-il rentable ? « Oui », assure Jean-Pierre Bezin, « nos coûts sont inférieurs au prix de vente. Il doit s'agir d'une opération pérenne dont l'objectif est clair: toucher un autre public ». La Société protestante évangélique n'en est pas à son coup d'essai, elle éditait au préalable une Bible à 2,50 €.
Même si près de la moitié du tirage des ouvrages à 1,50 € a pris la direction de l'Afrique, la « Bible discount » a donc été massivement distribuée en grande surface. « II s'agit de créer un achat d'impulsion », détaille Jean-Pierre Bezin, « il ne faut pas cannibaliser nos autres ventes. Là, on s'adresse à des personnes qui, autrement, ne liraient pas la Bible. Cela nous conforte dans le projet ». Ce marketing du prosélytisme tourne donc à plein régime. La société suisse, basée à Lausanne, travaille déjà sur une version italienne et s'interroge sur l'opportunité allemande. De toute façon, il y a de la marge. « La Bible reste le lire le plus vendu au monde », souligne Jean-Pierre Bezin, « on peut parler de plusieurs dizaines de millions d'ouvrages par an. Mais on ne peut pas donner de chiffres précis. Tellement de missions en éditent ». Aucune d'elle n'avait à ce point jouer la carte du discount...
Philippe MARCACCI
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