Il n’en fallait pas plus à certains commentateurs pour estimer que ces quatre chapitres correspondaient à une fiction tardive et non à la réalité historique. Parmi les points d’achoppement figure la taille de Ninive, présentée (littéralement) comme «une ville grande pour Dieu, marche de trois jours» (Jonas 3:3). Lorsqu’elles ne se contentent pas d’indiquer que la cité assyrienne était une ville «de trois jours de marche» (traduction NEG 1979), ce qui n’est pas très explicite pour le lecteur moderne, les traductions balancent entre deux interprétations principales: il fallait ce temps-là pour la traverser, voire la visiter, ou pour en faire le tour. Mais dans les deux cas, n’était-ce pas un peu exagéré? L’auteur de Jonas ne serait-il pas passé par Marseille? Après tout, les remparts de Ninive ne faisaient que 13 kilomètres de long…
Lors de la révision de ce passage, il a paru nécessaire au comité d’édition Segond 21 de clarifier quelque peu le sens du texte. L’indication que Jonas fit d’abord une marche d’un jour, au v. 4, pourrait suggérer qu’il avait besoin de trois jours pour traverser la ville tout en s’arrêtant pour proclamer son message. Toutefois, ce n’est pas l’option qui a été retenue. En effet, l’information fournie par notre spécialiste en histoire ancienne et archéologie a été jugée déterminante: dans l’Antiquité, on évaluait la taille d’une ville au temps qu’il fallait pour en faire le tour.
C’est ainsi que le texte Segond 21, en l’état, porte: «Ninive était une immense ville: il fallait trois jours de marche pour en faire le tour.»
Il est, du reste, fort possible que le nom «Ninive » renvoie à la ville avec son agglomération, dont le périmètre faisait une centaine de kilomètres. Et voilà comment l’archéologie peut aider à la traduction de la Bible…
Viviane André
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